À Paris, ce quartier de Stalingrad, au croisement du 10ème, du 18ème, et du 19ème, est mon terrain photographique. Peut-on célébrer un quartier si décrié ? Pourquoi juste ce crack, toujours le crack ? Qui d’autre, quoi d’autre à Stalingrad ?
Comment élaborer un récit photographique qui pourrait aider à la déstigmatisation de ce territoire et de ses protagonistes, sans en invisibiliser ses problématiques inhérentes ? Stalincrack.
En y emménageant en 2019, j’ai été marqué par son dynamisme et son hétérogénéité. Chaque heure apporte son lot différent de surprises. Des familles sénégalaises, des jeunes tibétains ou des afghans, mais aussi ces addicts au crack, ou encore une nouvelle population, comme moi, participant à un début de gentrification latente. Nous habitons tous ce quartier. Il est avec celui de la Chapelle, un de ces derniers îlots, dans Paris intra-muros, de mixité sociale et culturelle.
J’ai souhaité dédier un travail photographique à ce quartier. Travailler à démystifier et célébrer un quartier trop souvent stigmatisé. Me questionner quotidiennement en tant que photographe, et flirter avec les limites de l'esthétisation de cette misère latente.
Je sors tous les jours dans ses rues, je m’y ancre viscéralement. Je photographie autant que j’enquête sur ses histoires et ses personnages, afin d’exposer, en témoin privilégié, de sa rapide évolution. J’ai voulu donner à y voir ses réels protagonistes, souvent invisibilisés.
Je me vois continuer de shooter ce quartier par ceux qui l’habitent, afin d’y capturer son cheminement dans le temps, et d’ancrer ainsi mon travail dans une démarche documentariste au long cours, presque archivistique ou historique.